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La carrière de granite d'Algajola (NO Corse): preuves pour un usage et une diffusion antérieure à l'époque moderne
Pierre Rochette  1@  , Valérie Andrieu, Patrizia Macrì, J. Gattacceca, Eric Ferré, Simona Raneri@
1 : Centre européen de recherche et d'enseignement de géosciences de l'environnement  (CEREGE)  -  Site web
Aix Marseille Université, INSU, Institut de recherche pour le développement [IRD], CNRS : UMR7330
Europôle Méditerranéen de l'Arbois - Avenue Louis Philibert - BP 80 - 13545 Aix-en-Provence cedex 4 -  France

Un granitoïde remarquable a été exploité à l'époque moderne dans le nord-ouest de la Corse, à Algajola, à 5 km à l'ouest de l'Ile Rousse. Son faciès particulièrement esthétique est caractérisé par des feldspaths violets de grande taille (jusqu'à 5 cm), dans une matrice noire et blanche à gros grains. Il s'agit d'une monzonite quartzique, riche en Mg et K [1] et similaire à la monzonite quartzique de Troad, très utilisée par les romains, mais ses phénocristaux sont plus gros et plus trapus, et sa matrice est plus grossière et plus sombre. Il est également remarquable par la présence de grands cristaux de titanite de couleur miel.

Cette roche a été utilisé à Florence par la famille Médicis probablement à partir du 17ème siècle [2]. Une colonne monolithique de 17 m de long, taillée au 19e siècle, a été laissée dans la carrière. Au début du 20e siècle, elle a été utilisée dans divers monuments en France, par exemple le monument à la catastrophe du dirigeable Dixmude à Pierrefeu (Var) ou des monuments à Paris [3].

Nous avons rencontré une roche macroscopiquement similaire dans deux dalles rectangulaires de 30 x 50 cm incluses dans le pavement de la cathédrale de Salerne (Campanie) de la période normande, c'est-à-dire du 12e siècle, ainsi que dans une colonne de 28 cm conservée au musée d'Autun (Bourgogne). La susceptibilité magnétique de ces pièces est identique à celle des échantillons géologiques d'Algajola et du monument de Dixmude, dans la gamme 10-13 10-3 SI. Elle s'écarte de celle observée sur le granite de Troad : 25-40 10-3 SI [4].

Aucun usage antique ou médiéval de ce faciès d'Algajola n'avait été signalé auparavant, mais il a pu être visuellement confondu avec le faciès Troad. Les dalles reconnues à Salerne ont probablement été taillées dans des spoliae romains plutôt qu'obtenues directement en Corse au XIIe siècle. La colonne d'Autun, compte tenu de son petit diamètre et de son rapport longueur/diamètre élevé, devrait provenir d'un monument médiéval. Cependant, Autun étant une cité romaine importante, Il est aussi probable qu'elle provienne d'un spoliae romain local.



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