Programme des sessions > Recherche par auteur > Saucède Thomas

Le genre d'oursin Arbacia a longtemps été étudié en toxicologie et en écophysiologie. Plus récemment, il a suscité un regain d'intérêt en biogéographie et en évolution. Ce genre comprend actuellement six espèces vivant dans les eaux tropicales et tempérées du Pacifique Est, de l'Atlantique Ouest et Est, ainsi qu'en Méditerranée. La description récente de trois nouvelles espèces fossiles provenant du nord du Chili, ainsi que d'une quatrième de Basse-Californie, au Mexique, confirme une large distribution du genre dans l'océan Pacifique dès le Miocène supérieur, bien avant la fermeture finale de l'isthme de Panama (~3 Ma).

Côté Atlantique, les restes fossiles d'Arbacia sont particulièrement abondants et largement répartis dans les dépôts néogènes supérieurs de la côte est de l'Amérique du Nord, mais demeurent absents de la région caraïbe, à l'exception de rares piquants du Pléistocène supérieur de Cuba, potentiellement attribuables à l'espèce A. punctulata. La découverte d'une nouvelle espèce dans le Plio-Pléistocène, très largement distribuée au sein de la province caraïbe (Venezuela, Curaçao, Trinité, Tobago et en Floride), ainsi que la mise en évidence, en Guyane française, de fragments fossiles de l'espèce actuelle A. punctulata, suggèrent que le genre Arbacia est présent en région caraïbe depuis au moins le Pliocène. Fait notable, cette nouvelle espèce présente des affinités morphologiques plus étroites avec les espèces actuelles du Pacifique tropical et subtropical qu'avec celles de l'Atlantique, fossiles comme actuelles. Ces découvertes remettent en question les scénarios paléobiogéographiques précédemment proposés et soulignent l'importance cruciale du registre fossile de la région caribéenne pour comprendre l'histoire évolutive et biogéographique du genre Arbacia.