L'Optimum Climatique de l'Éocène inférieur ou Early Eocene Climatic Optimum (EECO) s'étend de ~53 à 49 Millions d'années (Ma). Il correspond à la période la plus chaude du Cénozoïque avec des températures de 10 à 15 °C supérieures à l'Actuel et une pCO2 maximale d'environ 1600 ppm aux environs de 51 Ma. L'EECO a été très bien défini en domaine marin grâce à l'analyse géochimique de foraminifères benthiques et planctoniques. À l'inverse, cet analogue du scénario SPP5-8.5 du GIEC reste beaucoup moins contraint en domaine littoral et continental.
Le Bassin de Paris donne accès à des dépôts de ces environnements encore peu connus d'un point de vue paléoclimatique, contemporains de l'EECO et avec un contenu fossilifère abondant et très bien préservé. Ainsi, l'étude géochimique des fossiles de mollusques dans ces sédiments permet de contraindre l'expression de cet optimum sur la variabilité climatique locale des températures.
Plusieurs sites répondant à ces critères ont été ciblés dans le Bassin de Paris. Des échantillons ont pu être prélevés sur les sites de Cuise-la-Motte (stratotype du Cuisien ; ancien Yprésien supérieur) qui présente des dépôts marins proximaux, de Mancy avec des dépôts fluviatiles et du Grand Séminaire de Soissons avec une transition de dépôts fluvio-lacustres à littoraux. La sédimentation sableuse à argilo-sableuse que l'on retrouve sur ces différents sites et leur faible enfouissement ont permis une préservation idéale des fossiles, confirmée par des observations en cathodoluminescence des bivalves marins et d'eau douce.
Des analyses isotopiques en δ18O et δ13C ont pu être réalisées sur plusieurs spécimens d'environnements variés tels que des huîtres (littoral) ou des unios (eau douce). Ces premières analyses fournissent des données pour le début de l'Éocène (échantillons de Soissons) et permettent de comparer les paléotempératures en contexte littoral et continental pour la fin de l'Yprésien (échantillons de Cuise-la-Motte et Mancy). Ces résultats seront complétés par la suite par des analyses en Δ47 qui devraient également donner accès aux variations de salinité et mieux contraindre les paléoenvironnements et le régime hydrologique de l'époque.