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Rendre visibles les nappes : croisement entre modélisation hydrogéologique et perceptions sociales du risque
Florence Poirier  1, 2, *@  , Martin Le Mesnil  3@  , Luc Aquilina  3  , Cyrille Harpet  4  , Frédérick Lemarchand  1  , Salomé De Fosville  2  , Jean-Raynald De Dreuzy  2  
1 : Centre de Recherche Risques et Vulnérabilités
Université de Caen Normandie
2 : Observatoire des sciences de l'environnement de Rennes
Université de Rennes, Institut National des Sciences de l'Univers, Université de Rennes 2, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
3 : Observatoire des sciences de l'environnement de Rennes
Université de Rennes, Institut National des Sciences de l'Univers, Université de Rennes 2, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
4 : École des Hautes Études en Santé Publique [EHESP]
École des Hautes Études en Santé Publique [EHESP], École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP)
* : Auteur correspondant

Dans le contexte du changement climatique, les inondations par remontée de nappe représentent un risque encore peu visible, peu compris, et insuffisamment intégré aux politiques territoriales d'adaptation. Le programme de recherche pluridisciplinaire Rivages Normands 2100 propose d'en explorer les dimensions à la fois géoscientifiques et socio-politiques, en croisant modélisation hydrogéologique et recherche sociologique. Il s'intéresse à la manière dont ces risques modélisés sont perçus, représentés et discutés par les acteurs locaux (élus, techniciens et gestionnaires) et avec les scientifiques.

Cet aléa échappe aux perceptions immédiates des risques environnementaux et met à l'épreuve les représentations cartographiques classiques. Contrairement aux submersions marines ou à l'érosion côtière ou aux débordements des cours d'eau, les remontées de nappes sont diffuses, invisibles et difficilement spatialement circonscrites. Si les cartes issues des modèles intègrent des paramètres complexes et des incertitudes climatiques, les acteurs locaux eux s'appuient sur des repères empiriques et concrets, fondés sur leur vécu du territoire. Cet écart entre abstraction scientifique et perception sociale constitue un obstacle à l'appropriation des connaissances, accentué par la faible acceptabilité de l'incertitude dans le débat public.

Les dispositifs participatifs mis en œuvre (ateliers cartographiques, entretiens, réunions publiques) ont permis d'interroger ces perceptions et de créer des espaces de traduction entre savoirs experts et savoirs situés. Ces échanges révèlent comment les cartes et les modèles ne sont pas seulement des outils techniques, mais aussi des objets médiateurs, catalyseurs de controverses ou supports de négociation entre les différentes perceptions du risque. La confrontation entre savoirs scientifiques, décisions politiques et expériences locales montre comment les connaissances sur le risque environnemental se discutent et se construisent dans des rapports de pouvoir inégaux.

Cette communication propose une lecture interdisciplinaire de la médiation autour d'un risque hydrologique, en mobilisant à la fois les sciences de la Terre et la sociologie de l'environnement. Elle met en lumière les conditions sociales, cognitives et politiques de circulation des savoirs sur les eaux souterraines, en insistant sur la nécessité de formes coopératives et réflexives de gouvernance du risque.



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