Programme des sessions > Recherche par auteur > Erragragui Mohamed

L'intervalle Paléocène-Eocène constitue avec le Crétacé supérieur l'apogée de l'accumulation des phosphates sédimentaires dans l'histoire de la Terre. Au Maroc, ces accumulations forment la plus grande réserve de phosphate sédimentaire au monde. Notre travail propose une approche intégrée pour l'étude des formations sédimentaires du Paléocène-Eocène dans les reliefs de la région d'Ait Ourir, située sur le flanc nord du Haut-Atlas de Marrakech, dans le but de déterminer les conditions paléo-environnementales de cette période. L'objectif est également de préciser les limites stratigraphiques inférieure et supérieure du Paléocène et de l'Eocène, qui restent mal définies dans les travaux antérieurs et font encore l'objet de débats. Ces enjeux stratigraphiques ne concernent pas uniquement les dépôts des versants nord et sud de l'Atlas, mais s'étendent également à l'ensemble des affleurements paléogènes du Maroc, y compris la série phosphatée actuellement exploitée dans les gisements de Ganntour et d'Oulad Abdoun, dans le Maroc central.

Les résultats obtenus de l'analyse des isotopes stables (13C/12C, 18O/16O) des dépôts de la coupe d'Ait Ourir révèlent globalement des valeurs négatives, qui reflètent celles des eaux initiales, faiblement influencées par les processus diagénétiques et par l'effet de la texture de la roche. Ils montrent une variabilité importante, notamment pour l'oxygène (moyenne de -4 ‰, écart type = 2,7 ‰), par rapport au carbone (moyenne de -3,5 ‰, écart type = 2,7 ‰). Ces isotopes permettent d'identifier les sept principales périodes hyperthermales connues durant l'intervalle Paléocène-Eocène (PETM, ETM2, H2, I1, ETM3, EECO et ELPE). En outre, ils offrent des indications précieuses pour préciser la limite entre le Paléocène et l'Eocène, ainsi que les limites inférieure et supérieure de cet intervalle.

Pour les prochaines années, notre projet de recherche se concentrera principalement sur l'étude des fluctuations climatiques, des phosphates, du paléoenvironnement et des limites lithostratigraphiques de l'intervalle Paléocène-Eocène du flanc nord du Haut-Atlas. Il s'appuiera notamment sur l'analyse sédimentologique, diagénétique, géochimique, minéralogique et de la susceptibilité magnétique.