L'étude de l'évolution des propriétés pétrophysiques et de l'altération de la roche hôte dans un système de faille actif est essentielle pour comprendre les mécanismes de localisation de la déformation. La distribution des altérations est étroitement liée aux chemins d'écoulement des fluides, tandis que la formation de nouvelles structures de déformation dépend des contrastes mécaniques induits par ces altérations. Notre étude porte sur des échantillons de granodiorite et des mesures géophysiques en forage issues d'un forage réalisé en 1996 à Hirabayashi par le Geological Survey of Japan, un an après le séisme de Nanbu-Kobé. Traversant la faille active de Nojima, ce forage recoupe le cœur de faille à 625 m. Les analyses comprennent notamment des mesures acoustiques (in situ et sur carottes), une quantification minéralogique par diffraction des rayons X (DRX), ainsi que de l'imagerie sur lames minces et sur échantillons par µ-tomographie neutron et rayon X (ILL – NeXT). Les diffractogrammes de RX sur lames orientées et les analyses Rietveld des données DRX acquises sur poudres désorientées révèlent la présence de phases minérales secondaires (e.g. montmorillonite, kaolinite, laumontite, sidérite, ankérite), représentative de différentes conditions d'interaction fluide-roche lors de l'exhumation du massif. Leurs proportions, croissantes à l'approche de la faille, atteignent 30 % du volume d'un échantillon à 625 m. Les vitesses de propagation des ondes acoustiques sur échantillons varient de 1900 à 6200 m.s⁻¹ pour les ondes P, et de 800 à 3300 m.s⁻¹ pour les ondes S, et présentent des anisotropies atteignant localement 11 et 31 % pour Vp et Vs respectivement. Ces mesures à échelle centimétrique et à haute fréquence (500 kHz) reproduisent les tendances observées en forage, avec des vitesses minimales atteintes au cœur de faille. Au premier ordre, ces variations (expérimentales et in situ) sont principalement corrélées à l'endommagement post-sismique (i.e. porosité de fractures), tandis qu'au second ordre, certaines phases minérales secondaires induisent une diminution des constantes élastiques. L'apport de l'imagerie par µ-tomographie RX et neutron nous permettra par la suite d'appréhender l'impact de la distribution des phases minérales ainsi que du réseau de micro-fractures, sur l'évolution des propriétés pétrophysiques d'une faille sismogénique.