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La signature en strontium radiogénique (87Sr/86Sr) des fossiles marins enregistre les variations du rapport 87Sr/86Sr de l'océan au cours du Phanerozoïque. Ce traceur isotopique est un outil majeur en chimiostratigraphie. Ses variations nous renseignent sur les processus d'altération à la surface de la Terre, car elles reflètent la contribution relative de l'altération de roches d'origines différentes comme sources de Sr dans l'océans (cratons, magmatisme récent, roches carbonatées ...). Les isotopes stables du Sr et du calcium (δ88Sr and δ44Ca) apportent des contraintes supplémentaires pour identifier ces sources de Sr et Ca dans l'océan. Ils permettent également d'étudier le rôle de la production carbonatée, le principal puit de Sr et Ca de l'océan et un important puit de carbone.

Cette étude explore la mesure multi-traceurs sur des conodontes du Dévonien supérieur de la carrière de Kowala en Pologne. L'intervalle d'étude couvre les quelques millions d'années qui précèdent l'évènement de Hangenberg, une perturbation climatique globale et une extinction de masse de second ordre qui marque la limite Dévonien-Carbonifère. Trois genres de conodontes sont étudiés en parallèle pour leur signature isotopique en Sr et Ca (87Sr/86Sr, δ88Sr and δ44/40Ca). Le rapport 87Sr/86Sr et ses variations sont similaires chez les trois genres de conodontes étudiés, avec une tendance décroissante sur l'intervalle d'étude, en accord avec les résultats de la littérature. Les valeurs de δ88Sr du genre Branmhela sont systématiquement plus basses que chez les deux autres genres d'environ −0.2‰, mais enregistrent les mêmes tendances temporelles. Ce résultat suggère un contrôle biologique (biominéralisation, écologie ...) sur les isotopes stables du Sr chez les conodontes, mais un potentiel enregistrement des variations environnementales. Aucune différence significative des valeurs de δ44/40Ca n'est mesurée chez les différents genres de conodontes étudiés, en accord avec les études précédentes. Les tendances stratigraphiques mesurées chez Palmatolepis, révèlent une diminution temporaire des valeurs de δ44/40Ca de ~ 0.1‰ dans la zone à Bispathodus ultimus, qui suit le dépôt des « schistes noirs » de Kowala, un évènement d'échelle régionale. Les causes des variations observées sont discutées à l'aide de modèles de boite des cycles du Ca et du Sr dans l'océan.