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Une mangrove lutétienne dans le bassin de Paris ? Nouvelles données palynologiques
Florence Quesnel  1, *@  , Alina Iakovleva  2@  , Jean-Pierre Gély  3@  , Laurence Le Callonnec  4@  
1 : Bureau de Recherches Géologiques et Minières
BRGM, BP 36009, F-45060 Orléans, France
2 : Laboratory of Paleofloristics, Geological Institute, Russian Academy of Sciences, Moscow 119017, Russian Federation
3 : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris (LAMOP), UMR 8589, 17 rue de la Sorbonne 75005 Paris
4 : Sorbonne Université
Institut des Sciences de la Terre de Paris (ISTEP), UMR 7193, 4, Place Jussieu, 75005 Paris
* : Auteur correspondant

Si le Calcaire grossier (Lutétien) du bassin de Paris est réputé pour ses calcaires exploités pour construire châteaux et cathédrales (Gély et al., 2024) et pour ses mollusques témoins d'un optimum de biodiversité marine (Merle et coll, 2008), il est très peu connu pour sa palynoflore (Gruas-Cavagnetto, 1978). La cause principale en est la rareté en dépôts côtiers à continentaux et en faciès argilo-silteux permettant la bonne préservation des palynomorphes.

Le Banc vert toutefois, unité lithostratigraphique du Calcaire grossier reconnue de longue date (Cuvier et Brongniart, 1808 ; Gély, 1996) qui termine un cycle sédimentaire du Lutétien moyen, fait exception. Il enregistre un large recul du trait de côte au cœur du Bassin parisien et présente des faciès argilo-marneux à sablono-silteux à débris organiques, comportant parfois des macrofossiles végétaux, dont des fruits de Nypa, palmier tropical (Watelet, 1866 ; Fritel, 1908). La palynoflore du Banc vert et des dépôts lutétiens à macrofaune ou macroflore a été très peu étudiée et est décrite comme appauvrie, avec 5 taxons communs à la macroflore (Gruas-Cavagnetto, 1978). Aucun pollen de Nypa ni de plante de mangrove ou de milieu tropical côtier n'a été trouvé, contrairement aux terrains lutétiens anglais, belges et allemands.

Sont ici présentés les résultats d'une étude palynologique du Banc vert, fondés sur l'analyse de 5 échantillons provenant d'un forage proche de Senlis et d'une carrière sous le Bois de Vincennes (Paris). Outre un fond commun entre eux et avec les résultats antérieurs, les deux sites diffèrent par le nombre d'individus et de taxons comptés parmi les pollen, spores et kystes de dinoflagellés, révélant une abondance et une diversité variables de la microflore. Les spores sont très rares, les dinokystes rares et dénués de marqueurs stratigraphiques, les algues d'eau douce courantes, les pollen abondants et variés : ils comportent des éléments mégathermes et mésothermes, avec divers palmiers dont Nypa et Calamus, ainsi que des Sapotaceae, Icacinaceae, Bombacaceae, Caesalpiniaceae, Symplocaceae, Pandanaceae, Aquifoliaceae, Restionaceae, Elaeagnaceae, Juglandaceae, Myricaceae, Fagaceae, Olacaceae, Ericaceae, Taxodiaceae, Cupressaceae, Pinaceae... Le dinokyste Polysphaeridium zoharyi suggère des eaux chaudes pour ce milieu marin peu profond, cohérent avec la bordure d'une mangrove.


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