Le Gouffre Georges, une cavité localisée au sein du massif de Lers, expose un contact tectonique exceptionnel entre des péridotites exhumées en contexte de rift et une unité de couverture métasédimentaire composée de micro-brèches tectoniques et de marbres. L'étude des péridotites serpentinisées à cette interface révèle deux évènements distincts d'interactions avec des fluides, et non affectés par la phase de déformation pyrénéenne.
Le premier évènement est principalement enregistré par des inclusions fluides secondaires dans tous les minéraux primaires des lherzolites (olivine, clinopyroxène, orthopyroxène, et si présent, grenat). Ces inclusions fluides contiennent un fluide riche en CO2, ainsi qu'une variété de minéraux fils propre à l'interaction entre le fluide et le minéral hôte, tels que la magnésite et la cristobalite dans les orthopyroxènes, ou le talc et la magnésite dans les olivines. Les équilibres thermodynamiques de ces minéraux fils avec leur minéral hôte indiquent une température de percolation d'environ 500 °C.
Le second évènement, à plus basse température, entraine la serpentinisation et la carbonatation des péridotites le long de la faille de détachement. Les microstructures associées à la serpentinisation sont principalement des textures en maillage liées à la fracturation des olivines et pyroxènes lors de la réaction, et des veines les recoupant. Les variétés de serpentines (lizardite, chrysotile, serpentine polyédrale), et la présence de magnétite au sein des microstructures, indiquent une température de serpentinisation entre 200 et 300 °C. La variabilité de la susceptibilité magnétique sur le profil d'échantillonnage suggère un rôle important de la nature du protolithe, de la localisation des fluides et/ou de leurs paramètres physico-chimiques dans la formation de magnétite et d'hydrogène. La carbonatation est caractérisée par la présence de veinules de calcite recoupant les microstructures de serpentine, mais également de grains de calcite remplaçant localement les cœurs de mailles de serpentine. Les inclusions fluides dans les olivines présentent une concentration très faible en H2, mais détectable pour certaines d'entre elles. Les minéraux fils identifiés dans ces inclusions reflètent la composition de la minéralogie secondaire avec la présence de lizardite et de calcite. Ces observations sont cohérentes avec une carbonatation synchrone et/ou postérieure à la serpentinisation.