Le gisement à vertébrés de l'Aumane, situé sur la commune de Cucuron (Vaucluse), est un site fossilifère majeur du Miocène supérieur (Tortonien). Découvert en 1832 par Jules de Christol, il a fait l'objet de fouilles dès 1862 par le paléontologue Albert Gaudry, puis au début du XXe siècle par Charles Depéret, assisté de Marc Deydier, notaire, photographe et érudit local passionné d'archéologie et de paléontologie.

Ces fouilles ont permis la découverte de nombreux fossiles de mammifères, aujourd'hui principalement conservés au Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN). D'autres spécimens, collectés notamment par Ch. Depéret et M. Deydier, sont conservés dans les collections du musée Requien à Avignon et de l'Université Claude Bernard Lyon 1. Parmi les fossiles lyonnais figurent une tortue terrestre géante et de nombreux ossements attribués à plusieurs individus d'Hipparion prostylum. Ces éléments ont permis la reconstitution d'un squelette subcomplet d'H. prostylum monté au début du XXe siècle.

Plus d'un siècle plus tard, la Réserve naturelle nationale géologique du Luberon, créée en 1987 pour protéger 28 sites paléontologiques du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence, a entrepris des recherches pour localiser précisément l'ancien gisement de l'Aumane. Des sondages ont permis de retrouver l'une des deux localités historiques fouillées par A. Gaudry.

Cette redécouverte a donné lieu à un projet de médiation scientifique en partenariat avec la commune de Cucuron. En 2024, une exposition permanente consacrée à la paléontologie mettant en valeur les fossiles du miocène de la région a été inaugurée au musée municipal Marc Deydier. L'une des pièces maîtresses est la reproduction du squelette d'Hipparion, symbolisant le retour de ce spécimen emblématique à Cucuron. La numérisation 3D surfacique du squelette a été réalisé par la plate-forme collections et imagerie 3D du Laboratoire de Géologie de Lyon et l'impression 3D du spécimen par la Fruitière Numérique de Lourmarin.

Ce projet illustre le rôle moteur que peuvent jouer les aires protégées dans la redécouverte, la préservation et la valorisation de sites paléontologiques anciens, en croisant les approches scientifiques, patrimoniales et culturelles.