Le drainage minier acide (DMA) est une problématique majeure pour l'exploitation minière. Ce phénomène survient lorsque les sulfures jusque lors enfouis sont exposés à l'air libre : leur oxydation par le dioxygène et l'eau libère du fer (II), des sulfates et des composés acides, ces derniers polluant durablement le site et les eaux environnantes (Plumlee, 1999).
Le sulfure de fer le plus répandu est la pyrite (FeS2). Elle est connue pour contenir une grande variété d'éléments traces (ET) (Abraitis et al., 2003), certains hautement toxiques (Pb, As, ...). Lors du DMA, ces ET sont susceptibles d'être lixiviés, accentuant la pollution du milieu (Plumlee, 1999). De plus, les ET peuvent affecter la cinétique d'oxydation de la pyrite (Lehner et al., 2007). Il existe donc un double enjeu qui rend l'étude du rôle des ET dans l'altération de la pyrite particulièrement importante.
La majorité des études portant sur le DMA s'intéresse au compartiment liquide mais l'oxydation des sulfures exposés à l'air est moins documentée. Nous avons voulu explorer l'influence des ET sur les cinétiques d'oxydation en milieu atmosphérique de plusieurs pyrites naturelles. Pour cela, une méthodologie originale a été mise en place en se basant sur les travaux de Jerz and Rimstidt (2004). Elle est basée sur une adaptation du protocole de mesure de la demande biochimique en oxygène par la méthode manométrique, très utilisée en traitement de l'eau. Des échantillons de pyrites broyés ont été placés dans des tubes fermés maintenus à 26°C. Un capteur permet la mesure de la pression partielle en O2 aucours du temps. La baisse de la pression est alors associée à la consommation du O2 par la réaction d'oxydation de la pyrite.
Nos premiers résultats montrent que la granulométrie, la masse de pyrite, et l'humidité relative sont des facteurs extrinsèques affectant la vitesse d'oxydation. L'optimisation de ces paramètres nous a permis d'obtenir un protocole à partir duquel étudier l'influence de la teneur et nature en ET. Les analyses sont en cours. Ces résultats permettront d'identifier les pyrites les plus réactives, et donc de mieux anticiper les risques de DMA sur différents sites miniers.