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Un nouveau mammifère dans le Crétacé supérieur de la Reserve Naturelle nationale de la Sainte-Victoire : un exemple de partenariat entre aire protégée, muséum et recherche
Rodolphe Tabuce  1@  , Yves Dutour  2  , Nicolas Vialle  3  , Renaud Lebrun  4  , Thierry Tortosa  5  
1 : Institut des Sciences de l'Évolution de Montpellier
Université de Montpellier, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut de recherche pour le développement [IRD]
2 : Muséum d'Histoire Naturelle, Aix-en-Provence
Ville d'Aix-en-Provence
3 : Muséum d'Histoire Naturelle, Aix-en-Provence
Ville d'Aix-en-Provence
4 : Institut des Sciences de l'Évolution de Montpellier
Université de Montpellier, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut de recherche pour le développement [IRD]
5 : Réserve Naturelle de Sainte-Victoire/Département des Bouches-du-Rhône
Département des Bouches-du-Rhône

Les mammifères du Crétacé restent mal connus et ont un registre fossile hétérogène. A l'échelle de la Laurasie, les données disponibles en Europe sont de loin les plus incomplètes, puisque seuls cinq genres y sont recensés (Labes, Lainodon, Valentinella, Mistralestes et Azilestes) ; tous proviennent de l'archipel ibéro-pyrénéo-provençal. Ces mammifères sont essentiellement documentés par des restes dentaires isolés. Après une synthèse sur ces mammifères, certains découverts lors de nos fouilles de sauvegarde à l'occasion de travaux autoroutiers (Mistralestes) ou bien sur un périmètre aujourd'hui classé en Arrêté Préfectoral de Protection de Géotope (Labes), nous décrivons ici un nouveau spécimen découvert à l'occasion de fouilles paléontologiques sur la Reserve Naturelle nationale de la Sainte-Victoire (RNSV, Bouches-du-Rhône). Longtemps célèbre pour ses œufs de dinosaures, les niveaux du Campano-Maastrichtien de la RNSV (sites de Roques-Hautes et Grands-Creux) livrent des restes osseux de dinosaures depuis quelques années. Cette étude illustre l'intérêt d'un réseau collaboratif aux compétences complémentaires : la gestion et l'animation scientifique de la RNSV par le Département des Bouches-du-Rhône, l'appui scientifique et technique de la Ville d'Aix-en-Provence lors des fouilles, et le partage des résultats avec la communauté universitaire. La nouvelle mandibule de mammifère, découverte en juin 2024, provient d'un site, attribué au Campanien supérieur, ayant livré plusieurs reptiles (dinosaures rhabdodontidés, dromaeosauridés et titanosauriens, et tortues solémydidés). Laissée dans sa gangue depuis la fouille, la mandibule a été préparée virtuellement par analyses au CT-scan. En raison des nombreuses fissures et fragments d'émail dentaire désolidarisés les uns des autres, un dégagement physique complet du spécimen n'est pas envisagé. La reconstruction numérique révèle un spécimen assez bien préservé, le plus complet du Crétacé supérieur européen. La morphologie des molaires évoque Labes, Lainodon et Mistralestes, mais certains caractères indiquent qu'il s'agit d'un nouveau taxon, précocement spécialisé. Si ce mammifère herbivore ne semble pas avoir de relation phylogénétique avec les placentaires cénozoïques, il témoigne d'une diversité significative et encore récemment insoupçonnée des mammifères du Crétacé supérieur d'Europe. Puisque le fossile ne sera pas dégagé, sa médiation scientifique est en cours de réflexion ; nous rappellerons à ce sujet notre valorisation de Mistralestes (expositions temporaire et permanente).


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