Dans le Nord de la France et en Belgique (Wallonie), le socle paléozoïque abondamment carbonaté, voire évaporitique, a fait l'objet d'une dissolution significative durant la période d'exondation du Crétacé inférieur. Selon la période d'activité de cette dissolution, cela a abouti au piégeage de dépôts continentaux argilo-sableux (faciès wealdien) dans des poches de dimensions décamétriques à kilométriques. Dans la région du Mélantois et de la Pévèle (Sud de Lille), seule la poche de Don est assez bien connue. Profonde de ~190 m, elle préserve 55 m de Wealdien et fléchit les formations marneuses (Dièves) et crayeuses sus-jacentes du Turonien-Coniacien, voire même le Quaternaire ; attestant de fait de son caractère actuellement actif.
Dans ce travail, nous complétons les connaissances sur Don et documentons d'autres poches de dissolution non connues jusqu'à présent (Templeuve-en-Pévèle) ou mal caractérisées (Bouvines) en utilisant une approche intégrant des données de gravimétrie (anomalie résiduelle), complétée de résultats de sismique passive (méthode HVSR) et d'interférométrie Radar (InSAR).
Nos résultats montrent que la forme de la poche de Don s'apparente à un cône kilométrique régulier en profondeur, qui s'évase en surface et s'allonge selon un axe N045. Les données InSAR (période 2015-2018) indiquent que cette poche subside à la vitesse de -2,5 à 4,0 mm/an +/- 2 mm. La poche de Templeuve-en-Pévèle s'étale en plusieurs sous-poches centrées sur Ennevelin et les lieux-dits "La Planque" et "Haute-rue". Celle de Bouvines, affichant 35 m de Wealdien selon la BSS, a pu être partiellement imagée grâce à un profil de sismique passive qui montre un approfondissement vers le Nord du toit du Paléozoïque (passant de -10 m à -90 m NGF en 600 m horizontalement).
La présence de ces poches pourrait avoir eu (avoir encore - notamment à Don) un effet sur le réseau hydrographique régional puisque les rivières la Deûle et la Marque passent ponctuellement par ces poches de dissolution. Agissant comme des lieux de subsidence entretenue par une dissolution régulière des calcaires/évaporites carbonifères, les rivières se verraient ainsi forcées à maintenir leur tracé au travers de ces poches. La localisation de ces poches apparaît finalement contrôlée par les structures tectoniques régionales ancrées dans le socle paléozoïque.