Les images géophysiques récentes du prisme lithosphérique alpin montrent un signal complexe avec un forte dépendance au back-azimut des évènements sismiques utilisés. Des anomalies significatives sont visibles sous les zones externes mais aussi dans le panneau plongeant européen sous les zones internes.
La présente étude s'inscrit dans une démarche d'interprétation géologique des données de fonctions-récepteur des campagnes CIFALPS et CIFLAPS 2, plus particulièrement de la croûte inférieure européenne, en incorporant des données de vitesse sismique mesurées en laboratoire sur des échantillons de lithologies potentielles. La dépendance au back-azimut des fonctions-récepteur dépend à la fois du pendage des interfaces et de l'anisotropie des unités lithologiques qui la constituent. Cette anisotropie est la résultante de l'anisotropie intrinsèque des roches (mode et texture des minéraux porteurs, amphiboles et micas essentiellement) et de l'hétérogénéité lithologique (litages, foliations) aux échelles inférieures à la longueur d'onde des ondes de volume. Les données expérimentales montrent que des anisotropies de l'ordre de 10 % (de 6% pour un échantillon de Gneiss d'Ivrea à 1GPa et 800°C jusqu'à 16 à 17% pour un échantillon de schistes bleus du Lanzo aux conditions de laboratoire) peuvent être portées par la croûte inférieure, aux profondeurs et températures supposées de la croûte inférieure européenne, à l'avant de la chaîne et dans le prisme alpin. La production de fonctions-récepteur synthétiques basées sur ces données expérimentales et leur comparaison aux fonctions-récepteur réelles, enregistrées dans les Alpes, montre que la croûte inférieure à l'avant de la chaîne doit porter une anisotropie linéaire Est-Ouest significative, probablement plongeante vers l'Est. Ces synthétiques montrent également que la portion crustale du panneau plongeant alpin doit porter une anisotropie pentée vers l'Ouest pour expliquer le signal observé contraire à celui attribuable à l'effet du pendage Est des interfaces. Ces signatures de unités de croûte inférieure sont sans doute à mettre en lien avec le développement d'une déformation pénétrative alpine, accompagnée de rééquilibrages métamorphiques.